Le mildiou

Pas si simple de faire sécher une tache de mildiou. Alors voir des taches comme celle ci sur notre parcelle de Darche, nous laisse quelques espoirs. On va peut être réussir à le contenir ce satané champignon.

Cette tâche jaune, c’est le mildiou. On dit alors qu’il fait tache d’huile. Il est très dangereux surtout en cette période de floraison qui avait très bien débuté, sous le soleil.

Ça, on aime pas du tout ! Le mildiou est bien là, dix jours après les pluies de la semaine dernière. On paye le fait de ne pas avoir pu traiter, à cause des pluies et de sols impraticables. On a espéré que le beau temps des derniers jours nous permettrait d’éviter les contaminations. Ce matin, on traite. Il faut éviter toutes contaminations supplémentaires. Surtout en cette période de floraison, il ne faut pas que le mildiou descende sur grappe sinon, c’en est fini de la récolte. Sur notre parcelle de Darche, à la louche, 15% des pieds ont des taches. Sur les autres parcelles, quelques feuilles par ci par là et sur merlot uniquement. Mais cela peut arriver très vite sur les cabernet franc, les malbecs, les sauvignons... Vigilance. Cela va être long jusqu’à la véraison.

Encore un peu de calme avant la tempête. Il est annoncé entre 50 et 100mm de pluie sur les deux prochains jours. Chaleur, humidité. Tout ce qu’aiment les maladies cryptogamiques. Cela va être compliqué à gérer tout cela. Cela nous rappelle l’année 2018 avec de gros dégâts à la clef à cause du mildiou, un peu partout dans notre vignoble. A suivre avec la plus grande vigilance.

Je voulais rédiger un post sur notre deuxième traitement de l’année que nous avons effectué vendredi, pour couvrir avant les pluies annoncées pour toute la semaine. Mais je me suis dit qu’il serait plus intéressant de vous expliquer ce qu’est le mildiou et pourquoi c’est la grande terreur du vigneron. La photo date de l’année dernière. Pas encore de traces de mildiou dans nos vignes. C’est encore un peu tôt pour cela. Le mildiou est apparu en France en 1878, en provenance des États Unis, certainement apporté avec quelques plants. On a longtemps cru que c’était un champignon, mais des découvertes récentes montre que c’est en fait une algue qui se développe sur le feuillage et peut mettre à mal la récolte, voire affaiblir le pied de vigne et impacter la récolte de l’année suivante. Le mildiou est en dormance dans le sol, déposé avec les feuilles qui se sont déposées à l’automne. Il attend que les chaleurs reviennent (il lui faut plus de 11 degrés) pour que oeufs mûrissent. A partir de ce moment là, il profite de la première pluie pour se multiplier au sol. Les pluies projettent le mildiou sur les feuilles, sur lesquelles il va se multiplier et attaquer la feuille. Il lui faut de l’eau et de la chaleur, il déteste le vent et le soleil. Le traitement au cuivre sur les feuilles est un traitement préventif. Il permet de limiter le développement du mildiou sur les feuilles. Il faut donc traiter avant les pluies et repasser après 25mm de pluie car le cuivre et alors lessivé. Nous avons traité avec 100g de cuivre par hectare vendredi. Il faudra retraiter cette semaine si on accumule plus de 25 mm de pluie cette semaine, et c’est très probable. On va surveiller le pluviomètre.

David a assisté vendredi aux rencontres de l'ISVV sur les innovations en matière viticole. Travail intéressant de la startup Vegetalsignals: sur le suivi et diagnostic des cultures en temps réel à partir des signaux électriques émis par les plantes et interprétés par IA (anticipation des stress qui génèrent des pathogènes). De beaux résultats. Test sur plusieurs domaines différents en 2020 pour commercialisation en 2021.

Nous avons laissé quelques pieds en test, sans traitement. À droite, une grappe touchée par le mildiou, à gauche une grappe intacte. C’est une année à faible pression de mildiou. On aurait pu encore baisser le nombre de traitements. Mais jamais simple.