Passionnante lecture à plus d’un titre ! On y prend comment la Gironde a organisé la présentation de ses vins à l’exposition universelle de 1855. Tout l’enjeu revient à présenter l’ensemble des vins girondins d’un même front, sous un seul pavillon, organisé par la Chambre de Commerce. Tous les crus sont présentés sous une même étiquette préparée par la Chambre de commerce, portant seulement le nom de la commune pour les vins les plus ordinaires, et le nom du cru et de son propriétaire pour les crus classés (et à l’origine le nom du propriétaire ne devait pas y figurer, mais Lafite intervient auprès de Jerome Bonaparte pour qu’il en soit autrement !). La définition de la liste des crus classés et le rang de ceux-ci va être confiée au Syndicat des courtiers sur la base de l’historique du prix des transactions des vins. Les crus sont ensuite interrogés pour fournir 6 bouteilles pour dégustation à Paris, mais plus de la moitié n’enverra jamais d’échantillons. Les tractations sont nombreuses en coulisses pour faire en sorte que les médailles ne soient pas donnés à tel ou tel cru, mais à l’ensemble de ses crus classés (Médoc et Sauternes). La Chambre de Commerce obtient non sans mal et gain de cause et le classement de 1855 est né. Après la clôture de la Foire Universelle, les propriétaires bordelais apprennent dans le journal la naissance de ce classement, malgré son caractère alors non officiel. Certains essaient d’intervenir auprès de la Chambre de commerce pour obtenir sa révision. En vain. Seul Cantermerle parvient à inscrire a posteriori son nom en bas de la liste. Pour cela, ils s’adressent directement au syndicat des courtiers (et non de la Chambre de commerce) et justifient le prix de leurs vins exportés directement vers la Hollande et échappant ainsi à la transaction par la place de Bordeaux. Ensuite toutes les tentatives de révision vont avorter (à l’exception de la révision du premier niveau avec Mouton qui devient Premier Cru Classé). Officiellement la révision du classement est toujours ouverte et il s’agira de procéder à la révision du deuxième niveau. Mais cela ne sera certainement plus jamais fait. Tous s’y opposent ! Il est à noter que ce classement intervient en pleine crise de l’oidium qui anéantit la plus grande partie des récoltes dans le vignoble. Cela explique certainement la faible participation des domaines leur non participation par l’envoi d’échantillons. Les courtiers font une photographie du classement des vignobles établis, à taille suffisante pour acquérir une notoriété. On regrette que le livre ne donne pas plus d’explications sur la non présence des crus de Graves (à l’exception de Haut-Brion, qui n’enverra d’ailleurs pas d’échantillons à la Chambre de Commerce, mais fera en sorte d’être dégusté à l’Exposition Universelle). Certainement que la crise de l’oidium qui a fortement touché les Graves y est pour quelque chose. Ce classement va faire foi car sa révision sera par la suite trop sensible. Un Classement pourtant organisé en catamini dans la participation des principaux acteurs !
Passionnante lecture à plus d’un titre ! On y prend comment la Gironde a organisé la présentation de ses vins à l’exposition universelle de 1855. Tout l’enjeu revient à présenter l’ensemble des vins girondins d’un même front, sous un seul pavillon, organisé par la Chambre de Commerce. Tous les crus sont présentés sous une même étiquette préparée par la Chambre de commerce, portant seulement le nom de la commune pour les vins les plus ordinaires, et le nom du cru et de son propriétaire pour les crus classés (et à l’origine le nom du propriétaire ne devait pas y figurer, mais Lafite intervient auprès de Jerome Bonaparte pour qu’il en soit autrement !). La définition de la liste des crus classés et le rang de ceux-ci va être confiée au Syndicat des courtiers sur la base de l’historique du prix des transactions des vins. Les crus sont ensuite interrogés pour fournir 6 bouteilles pour dégustation à Paris, mais plus de la moitié n’enverra jamais d’échantillons. Les tractations sont nombreuses en coulisses pour faire en sorte que les médailles ne soient pas donnés à tel ou tel cru, mais à l’ensemble de ses crus classés (Médoc et Sauternes). La Chambre de Commerce obtient non sans mal et gain de cause et le classement de 1855 est né. Après la clôture de la Foire Universelle, les propriétaires bordelais apprennent dans le journal la naissance de ce classement, malgré son caractère alors non officiel. Certains essaient d’intervenir auprès de la Chambre de commerce pour obtenir sa révision. En vain. Seul Cantermerle parvient à inscrire a posteriori son nom en bas de la liste. Pour cela, ils s’adressent directement au syndicat des courtiers (et non de la Chambre de commerce) et justifient le prix de leurs vins exportés directement vers la Hollande et échappant ainsi à la transaction par la place de Bordeaux. Ensuite toutes les tentatives de révision vont avorter (à l’exception de la révision du premier niveau avec Mouton qui devient Premier Cru Classé). Officiellement la révision du classement est toujours ouverte et il s’agira de procéder à la révision du deuxième niveau. Mais cela ne sera certainement plus jamais fait. Tous s’y opposent ! Il est à noter que ce classement intervient en pleine crise de l’oidium qui anéantit la plus grande partie des récoltes dans le vignoble. Cela explique certainement la faible participation des domaines leur non participation par l’envoi d’échantillons. Les courtiers font une photographie du classement des vignobles établis, à taille suffisante pour acquérir une notoriété. On regrette que le livre ne donne pas plus d’explications sur la non présence des crus de Graves (à l’exception de Haut-Brion, qui n’enverra d’ailleurs pas d’échantillons à la Chambre de Commerce, mais fera en sorte d’être dégusté à l’Exposition Universelle). Certainement que la crise de l’oidium qui a fortement touché les Graves y est pour quelque chose. Ce classement va faire foi car sa révision sera par la suite trop sensible. Un Classement pourtant organisé en catamini dans la participation des principaux acteurs !